Pourquoi ne faisons-nous pas ce qui nous est demandé ?

Henri est conseiller financier pour une grande banque. Malgré les demandes répétitives de son manager, Guillaume, Henri n’accepte toujours pas de traiter les dossiers en suivant le processus établi, il continue de suivre sa propre logique. D’abord de nature bienveillante face à cette résistance, Guillaume décide de continuer à insister et d’augmenter la pression afin d’arriver à ses fins, pensant que sa demande est fondée. D’autres auraient pu décider de chercher d’autres solutions, en suivant le principe de Paul Watzlawick qui consiste à accepter que « plus de la même chose a de forte chance de donner plus du même résultat ». Petit à petit, face à l’incapacité à changer d’Henri, la compréhension de Guillaume s’étiole et la relation se dégrade. Si l’on se positionne du point de vue d’Henri, plusieurs hypothèses sont envisageables sur les raisons qui le poussent à continuer dans la mauvaise direction :

  • « ce qui m’est demandé, ou la façon de le faire, ne sont pas appropriés »
  • « le temps pour le réaliser est inadapté »
  • « mes compétences sont insuffisantes pour réaliser correctement ce travail »

En réalité, toutes ces raisons seraient acceptables, et nous pourrions alors débattre du rôle du manager qui devrait soutenir autrement son collaborateur. Faisons l’hypothèse que Guillaume a parfaitement joué son rôle et qu’Henri a également de bonnes raisons de ne pas faire ce qui lui est demandé. malheureusement aucun des deux ne réalise ce qui est en train de se jouer, ce qui les empêche de sortir de ce cercle vicieux. Quelle raison peut donc pousser Henri à ne pas répondre à la demande de son manager, alors qu’il en a toutes les capacités professionnelles ?

Dans ce cas précis, il s’avère qu’Henri se fait une idée a priori du type de reconnaissance qu’il recevrait en accomplissant la tâche exactement comme elle lui est demandée. Et ce type de reconnaissance ne répond pas à ses besoins psychologiques fondamentaux. Partant de cette hypothèse, nous avons demandé à Guillaume de quelle manière il le remercierait une fois la tâche accomplie, et Guillaume nous a répondu : « Merci d’avoir fait exactement ce que je t’ai demandé ! ». En utilisant avec Guillaume les outils de l’intelligence relationnelle, nous réalisons qu’Henri ne retire probablement aucune satisfaction de ce genre de reconnaissance, ce qui expliquerait son manque de motivation à satisfaire la demande. À partir de là, nous avons travaillé avec Guillaume pour tenter d’identifier quelle forme de reconnaissance satisferait Henri. Au final, il est apparu qu’Henri a le besoin d’être reconnu pour ses compétences créatives et son autonomie.

Autrement dit : si l’un de vos collaborateurs ne fait pas ce que vous attendez de lui, de nombreuses raisons peuvent en être la cause. Au lieu de laisser la relation se dégrader en se figeant sur la demande, que se passerait-il si vous faites l’hypothèse que le blocage pourrait provenir de l’idée qu’il se fait de votre style de récompense, qui ne vient pas répondre à ses besoins essentiels ? À partir de là, vous avez les outils pour construire vos différentes demandes en prenant en compte le besoin ultime de reconnaissance de votre collaborateur.

Cette gymnastique intellectuelle peut sembler contre-intuitive, et pourtant, il s’agit d’un outil de systémique puissant pour aborder à la fois de façon élégante et terriblement efficace ce type de situations. Qui plus est, cette capacité du manager à envisager d’autres points de vue et d’autres solutions à partir des besoins d’autrui est la base d’une relation humaine sincère et propice à une amélioration continue. C’est en cela que l’intelligence relationnelle est une voie privilégiée pour réintégrer une composante humaine saine et durable dans l’entreprise moderne.

Le MBTI autrement tu utiliseras (3/3)

Et si l’application première du MBTI était d’améliorer ses relations ?

Utiliser le MBTI comme un outil de connaissance de soi est bien sûr passionnant, mais préoccupons-nous de voir comment nous pourrions l’utiliser comme un outil d’aide à la construction de bonnes relations ? Se connaître soi-même, cher à Socrate, est un long chemin parsemé d’embûches et il serait dommage de mourir en bonne santé. En d’autres termes, il n’est pas nécessaire d’attendre de bien se connaître pour tenter MBTI-Autrement-02d’améliorer notre relation à l’autre. Nous pourrions même aller jusqu’à dire que cet angle d’attaque, commencer par améliorer notre relation à l’autre, pourrait être une formidable occasion de mieux se connaître. Faire d’une pierre deux coups en quelque sorte.

Ainsi, le MBTI est un bon outil pour identifier les préférences de nos interlocuteurs et surtout pour être capable de les accueillir dans leurs différences et ainsi optimiser la relation. Il s’agit d’une nouvelle carte pour mieux lire l’autre. Si Christophe connaissait le modèle MBTI et donc l’existence de différentes préférences, il pourrait tout de suite adapter son comportement en fonction de Laurent. Il serait capable d’adopter une position méta sur la situation, pour constater les différences d’approche de chacun et pourrait ainsi décider par exemple, soit de modifier sa posture soit d’en parler avec Laurent.

En cinq étapes, une meilleure relation tu développeras

Notre proposition se veut simple et facilement applicable au quotidien.

  1. Écouter tu feras. Il s’agit d’abord d’écouter, non seulement le contenu, mais surtout les préférences qui sont en train de s’exprimer dans le discours ou le comportement de l’autre. Á titre d’exemple, je suis en réunion et l’un de mes interlocuteurs parle beaucoup alors que j’ai l’impression qu’il ferait mieux de se taire pour réfléchir avant de parler. Cette situation me gêne.

  2. Les préférences tu identifieras. Quelle préférence suis-je en train d’identifier chez chacun ? Il n’est pas nécessaire de maîtriser le modèle complet du MBTI. Il suffit d’envisager la situation en termes de bénéfices. Quel bénéfice peut avoir mon interlocuteur à prendre la parole alors que ses idées ne semblent pas encore claires de mon point de vue ? Je suis alors capable de faire une hypothèse, qui sera validée par la suite, ou pas. Par exemple, je peux envisager qu’il cherche à formaliser et clarifier son point de vue en verbalisant immédiatement toutes ses idées, même si elles sont encore désorganisées. Et ça, c’est un bénéfice pour lui ! Et je fais l’hypothèse qu’il est de préférence extraversion.

  3. Tes difficultés dans l’instant et dans ta tête tu formaliseras. MBTI-Autrement-03Dans cette situation, ma difficulté est par exemple de ne pas réussir à avoir moi-même les idées claires par cette profusion d’idées trop larges et mal canalisées. Je peux également avoir l’impression que nous n’arriverons pas à mettre en place le plan d’actions attendu par notre hiérarchie dans les délais prévus. Ce qui est essentiel ici, c’est de réaliser et d’accepter que toutes ces raisons viennent de mon propre ressenti impression du moment face à la situation vécue.

  4. D’en parler éventuellement tu décideras.  Il est parfois difficile d’envisager d’en parler avec l’autre, tant que je n’ai pas réussi à mettre en évidence les bonnes raisons et les bénéfices qui dictent ses comportements. Je vais alors avoir tendance à penser qu’il ne peut pas comprendre, et qu’il vaut mieux ne rien dire. Ne pas en parler revient à garder un œil accusateur sur l’autre et à préserver sa propre frustration. Mais, si vous en parliez en mettant en avant le bénéfice supposé de votre interlocuteur, que se passerait-il ? Je pourrais dire par exemple : j’ai l’impression que c’est utile pour toi de verbaliser toutes tes idées pour les clarifier, mais en même temps, je suis inquiet quant au respect du délai qui nous est imparti, qu’est-ce que tu en penses et est-ce que tu crois qu’on va y arriver ?

  5. Une posture adaptée tu envisageras. Si votre interlocuteur a des difficultés pour fonctionner différemment, il va bien falloir que la personne la plus à même de le faire l’envisage. Dans le cas présent, peut-être vous faudra-t-il l’aider à formaliser ses pensées en les reformulant avec lui, dans son mode de préférence extraversion. Dans bien des cas, la situation s’améliore spontanément par le fait même d’avoir énoncé la problématique en termes de bénéfices pour chacun. Dans les faits, chacun va essayer d’aller vers la préférence de l’autre, par exemple : la personne ayant une préférence extraversion va essayer d’être plus synthétique et la personne ayant une préférence introversion acceptera le temps nécessaire aux reformulations plus courtes. C’est ce qui permet d’amoindrir les zones d’inconfort et résorber les exaspérations et les sources de conflit.

Conclusion : améliorer tes relations avant de te connaître, tu feras !

Le MBTI autrement tu utiliseras (2/3)

Qu’est-ce que le MBTI ?

Bien sûr, puisque lorsqu’il s’agit d’enfoncer une vis, il est préférable ne pas utiliser un marteau, le MBTI a des utilités restreintes et il convient d’en définir le périmètre. En 1921, Carl Gustav Jung a synthétisé dans son livre Types psychologiques ses travaux concernant les fonctions de la personnalité. Par la suite, Katherine Cook Briggs et sa fille, Isabel Briggs Myers ont poursuivi ses travaux pour aboutir au fameux MBTI (Myers Briggs Type Indicator), qui est reconnu et utilisé dans le monde de l’entreprise. Le MBTI est un outil de compréhension des différences de personnalité. Il se propose d’expliquer les bases du fonctionnement humain et ce qui nous amène à prendre telle ou telle posture. Il s’appuie sur le fait que, dans notre vie quotidienne, pour collecter l’information, pour décider, pour aborder le monde qui nous entoure, ou encore pour nous ressourcer, nous avons des préférences. Ces préférences induisent notre comportement et notre relation à l’autre.

Prenons un exemple très simple. Supposons deux personnes : un manager, appelons-le Christophe, et l’un de ses collaborateurs, disons Laurent. Durant l’une de leurs conversations, Christophe souhaiterait que Laurent réfléchisse avec lui dès maintenant sur un sujet qui lui tient à cœur et pour lequel une solution rapide pourrait être envisagée. Laurent préfèrerait nettement un peu de temps pour y réfléchir avant tandis que Christophe ne voit pas du tout l’intérêt de se donner du temps sur un sujet si simple, d’autant qu’ils sont ensemble et pourraient profiter de l’occasion. En très peu de temps, la conversation s’envenime, chacun restant sur ses positions. Laurent a besoin de se ressourcer dans son monde intérieur. Il est davantage dans un mouvement de réflexion avant l’action et n’aime pas parler avant d’avoir réfléchi. Christophe, quant à lui, aime parler pour réfléchir. L’action est sa forme d’apprentissage : faire c’est penser ! Ainsi, l’un est dans ce que nous pourrions appeler l’Introversion alors que l’autre serait plutôt dans l’Extraversion. Deux préférences qui peuvent bien sûr cohabiter, pour peu que chacun ait pris conscience de la situation et de leur différence. Cette première préférence, être plutôt en introversion qu’en extraversion, constitue la première dimension du MBTI.

La deuxième dimension concerne notre façon de collecter l’information. Continuons avec nos personnages. Décidément Laurent et Christophe ont des préférences bien différentes. Lorsqu’ils discutent ensemble du choix d’un prestataire, Christophe souhaite avoir énormément de détails tout de suite concernant par exemple leurs tarifs, la qualité de leurs produits ou encore la taille de l’entreprise. Quant à Laurent, quand il en parle, il le fait par analogie et par métaphore. Christophe préfèrerait des éléments tangibles et précis, tandis que Laurent préfère l’envisager de façon plus globale et est soucieux d’éclairer d’abord le sens de leur démarche. Clairement, Christophe est plutôt dans ce que le MBTI nomme la sensation, tandis que Laurent est plutôt dans l’intuition.

Abordons maintenant la troisième dimension du MBTI : notre façon de décider. Laurent est très soucieux d’être reconnu pour la qualité de son travail tandis que Christophe attache beaucoup d’attention à la reconnaissance des individus. C’est pourquoi, lorsque Christophe remercie Laurent pour la qualité de la relation qu’il a su créer dans son équipe, Laurent en est presque déçu. Il aurait tellement préféré être reconnu pour la qualité du travail que ses équipes fournissent. De même, Christophe aura tendance à décider en fonction de valeurs en lesquelles il croit, tandis que Laurent sera beaucoup plus sensible à prendre des décisions respectant une certaine logique. Ainsi, même un compliment partant de bonnes intentions peut finalement frustrer ou fâcher la personne en face. Le MBTI dira ici que Christophe a une préférence sentiment et Laurent une préférence pensée.

Enfin, la quatrième dimension aborde notre façon d’appréhender notre contact au monde extérieur. Certains préfèrent décider le plus tôt possible, d’autres au contraire préfèrent reporter leurs décisions. Tous prennent leurs décisions à temps, mais cela peut générer une nette différence comportementale. Les premiers auront besoin de prendre leur décision pour construire leurs actions autour. Tandis que les seconds préfèrent laisser ouvert le champ des possibles, et leurs actions viseront au contraire à ne pas brusquer la prise de décision. Prenons un exemple : Michèle aime préparer ses vacances en avance en prévoyant toutes les étapes de son voyage. Elle réserve à l’avance ses hôtels et sait exactement ce qu’elle visitera dans chaque ville de son périple. Pierre, quant à lui, laisse volontiers sa femme organiser le voyage car s’il devait partir seul, il prendrait son billet et réserverait le premier hôtel pour ensuite se laisser guider sur l’instant. Bien sûr, si nécessaire, il prévoira quelques éléments logistiques mais ce n’est pas un plaisir de le faire, tandis que Michèle prend plaisir à construire le voyage avant d’y être. On parlera d’une préférence jugement pour Michèle, et d’une préférence perception pour Pierre. Concernant Laurent et Christophe, ils ont enfin pu se retrouver sur la même préférence : préparer tout au dernier moment, car la pression est vécu comme un défi à relever pour l’un comme pour l’autre.

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Le MBTI autrement tu utiliseras (1/3)

Se connaître soi-même puis améliorer ses relations ou faire l’inverse et gagner du temps ?

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Et si en attendant de se connaître soi-même, on commençait déjà par améliorer ses relations aux autres ? Il y aurait un avantage indéniable à ne pas croire qu’il suffit de se connaître pour rendre ses relations plus confortables. S’auto-centrer pourrait même donner le résultat inverse. Enfin, se connaître risque de prendre beaucoup de temps, voire plusieurs vies ! Ne pourrions-nous pas apprendre à nous connaître au travers de la relation que nous avons avec ceux qui nous entourent ? Probablement. Nous avons à notre disposition un outil de connaissance de soi, que nous proposons d’envisager aussi comme un outil de compréhension de nos relations à l’autre.

Histoire de personnalité

Je me souviens encore de la première fois où une responsable des ressources humaines me proposa de faire un test de personnalité, et surtout mon émerveillement devant le résultat : c’était magique ! L’analyse me laissa à la fois l’impression que j’avais été mis à nu et qu’en même temps, nous étions tous programmés. Comment un simple questionnaire avait permis de révéler les grandes lignes de ma personnalité ? Puis, les années ont passé. D’autres tests m’ont été proposés et les résultats parurent toujours aussi surprenants de par la pertinence des descriptions.

En même temps, l’âge avançant, plusieurs questions commençaient à me tarauder concernant ma personnalité et notamment de quelle manière je pouvais progresser. Je voulais comprendre les modèles qui sous-tendent ces prévisions. Comment peut-on simplifier la compréhension de notre personnalité, pourtant si complexe ? Ne risque-t-on pas finalement d’en déduire des hypothèses somme toutes un peu simplettes ? Mais surtout, tous les tests ne répondaient pas à cette attente de me mettre en marche pour progresser. Certes, une psychanalyse peut être une solution, mais existe-t-il d’autres solutions ?

En entreprise, de nombreux séminaires de cohésion d’équipe, formations sur la gestion des conflits ou encore sur l’intelligence relationnelle sont aujourd’hui proposés, s’appuyant bien souvent sur la découverte de notre personnalité. L’amélioration des relations, le souci du bien-être au travail, MBTI-Autrement-04la compréhension des raisons qui peuvent créer des situations conflictuelles et les méthodes ou postures pour les résorber sont autant de bonnes raisons de les mettre en place.

Animant de nombreux séminaires et formations de ce type, j’ai donc été confronté à cette épineuse question : que puis-je fournir comme outils utiles et réutilisables facilement, quels que soient la fonction, le niveau hiérarchique ou le métier des stagiaires ? Derrière l’enthousiasme d’un séminaire de cohésion d’équipe, comment s’approprier et intégrer de manière autonome les outils afin par exemple d’améliorer sa relation à l’autre ? En tant que directeur dans une grande entreprise, comment puis-je gérer une situation difficile avec un collaborateur qui, de mon point de vue, prend une posture inadéquate ? Beaucoup d’exemples, dans la vie professionnelle ou même personnelle, alimentent l’interminable question de : qui a raison et qui a tort dans cette situation ?

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