Qu’est-ce que le MBTI ?
Bien sûr, puisque lorsqu’il s’agit d’enfoncer une vis, il est préférable ne pas utiliser un marteau, le MBTI a des utilités restreintes et il convient d’en définir le périmètre. En 1921, Carl Gustav Jung a synthétisé dans son livre Types psychologiques ses travaux concernant les fonctions de la personnalité. Par la suite, Katherine Cook Briggs et sa fille, Isabel Briggs Myers ont poursuivi ses travaux pour aboutir au fameux MBTI (Myers Briggs Type Indicator), qui est reconnu et utilisé dans le monde de l’entreprise. Le MBTI est un outil de compréhension des différences de personnalité. Il se propose d’expliquer les bases du fonctionnement humain et ce qui nous amène à prendre telle ou telle posture. Il s’appuie sur le fait que, dans notre vie quotidienne, pour collecter l’information, pour décider, pour aborder le monde qui nous entoure, ou encore pour nous ressourcer, nous avons des préférences. Ces préférences induisent notre comportement et notre relation à l’autre.
Prenons un exemple très simple. Supposons deux personnes : un manager, appelons-le Christophe, et l’un de ses collaborateurs, disons Laurent. Durant l’une de leurs conversations, Christophe souhaiterait que Laurent réfléchisse avec lui dès maintenant sur un sujet qui lui tient à cœur et pour lequel une solution rapide pourrait être envisagée. Laurent préfèrerait nettement un peu de temps pour y réfléchir avant tandis que Christophe ne voit pas du tout l’intérêt de se donner du temps sur un sujet si simple, d’autant qu’ils sont ensemble et pourraient profiter de l’occasion. En très peu de temps, la conversation s’envenime, chacun restant sur ses positions. Laurent a besoin de se ressourcer dans son monde intérieur. Il est davantage dans un mouvement de réflexion avant l’action et n’aime pas parler avant d’avoir réfléchi. Christophe, quant à lui, aime parler pour réfléchir. L’action est sa forme d’apprentissage : faire c’est penser ! Ainsi, l’un est dans ce que nous pourrions appeler l’Introversion alors que l’autre serait plutôt dans l’Extraversion. Deux préférences qui peuvent bien sûr cohabiter, pour peu que chacun ait pris conscience de la situation et de leur différence. Cette première préférence, être plutôt en introversion qu’en extraversion, constitue la première dimension du MBTI.
La deuxième dimension concerne notre façon de collecter l’information. Continuons avec nos personnages. Décidément Laurent et Christophe ont des préférences bien différentes. Lorsqu’ils discutent ensemble du choix d’un prestataire, Christophe souhaite avoir énormément de détails tout de suite concernant par exemple leurs tarifs, la qualité de leurs produits ou encore la taille de l’entreprise. Quant à Laurent, quand il en parle, il le fait par analogie et par métaphore. Christophe préfèrerait des éléments tangibles et précis, tandis que Laurent préfère l’envisager de façon plus globale et est soucieux d’éclairer d’abord le sens de leur démarche. Clairement, Christophe est plutôt dans ce que le MBTI nomme la sensation, tandis que Laurent est plutôt dans l’intuition.
Abordons maintenant la troisième dimension du MBTI : notre façon de décider. Laurent est très soucieux d’être reconnu pour la qualité de son travail tandis que Christophe attache beaucoup d’attention à la reconnaissance des individus. C’est pourquoi, lorsque Christophe remercie Laurent pour la qualité de la relation qu’il a su créer dans son équipe, Laurent en est presque déçu. Il aurait tellement préféré être reconnu pour la qualité du travail que ses équipes fournissent. De même, Christophe aura tendance à décider en fonction de valeurs en lesquelles il croit, tandis que Laurent sera beaucoup plus sensible à prendre des décisions respectant une certaine logique. Ainsi, même un compliment partant de bonnes intentions peut finalement frustrer ou fâcher la personne en face. Le MBTI dira ici que Christophe a une préférence sentiment et Laurent une préférence pensée.
Enfin, la quatrième dimension aborde notre façon d’appréhender notre contact au monde extérieur. Certains préfèrent décider le plus tôt possible, d’autres au contraire préfèrent reporter leurs décisions. Tous prennent leurs décisions à temps, mais cela peut générer une nette différence comportementale. Les premiers auront besoin de prendre leur décision pour construire leurs actions autour. Tandis que les seconds préfèrent laisser ouvert le champ des possibles, et leurs actions viseront au contraire à ne pas brusquer la prise de décision. Prenons un exemple : Michèle aime préparer ses vacances en avance en prévoyant toutes les étapes de son voyage. Elle réserve à l’avance ses hôtels et sait exactement ce qu’elle visitera dans chaque ville de son périple. Pierre, quant à lui, laisse volontiers sa femme organiser le voyage car s’il devait partir seul, il prendrait son billet et réserverait le premier hôtel pour ensuite se laisser guider sur l’instant. Bien sûr, si nécessaire, il prévoira quelques éléments logistiques mais ce n’est pas un plaisir de le faire, tandis que Michèle prend plaisir à construire le voyage avant d’y être. On parlera d’une préférence jugement pour Michèle, et d’une préférence perception pour Pierre. Concernant Laurent et Christophe, ils ont enfin pu se retrouver sur la même préférence : préparer tout au dernier moment, car la pression est vécu comme un défi à relever pour l’un comme pour l’autre.